Cette dix-neuvième lettre semestrielle coïncide avec le dixième anniversaire de l’approbation officielle donnée à notre Fraternité par S.E. Mgr Charrière, Evêque de Fribourg, le 1er novembre 1970.
Chers Amis et Bienfaiteurs,
Cette dix-neuvième lettre semestrielle coïncide avec le dixième anniversaire de l’approbation officielle donnée à notre Fraternité par S.E. Mgr Charrière, Evêque de Fribourg, le 1er novembre 1970.
Que d’événements ont depuis cette date marqué l’histoire de l’Eglise aux prises avec une véritable occupation moderniste ! De nombreux livres ont décrit d’une manière bouleversante les résultats de cette pénétration dans les dicastères romains et dans les curies épiscopales.
Devant ce spectacle douloureux qui s’aggrave d’année en année pour ne pas dire de mois en mois, nous renonçons à exprimer à la fois notre indignation et notre tristesse. Nous pourrions aussi décrire la persécution dont sont l’objet les prêtres les plus dignes et les plus vénérables comme ce cher chanoine Catta, aumônier des Visitandines de Nantes depuis 40 ans, doyen du chapitre. Agé de plus de 80 ans, il a été destitué peu de temps avant sa mort de sa fonction de doyen de Chapitre. Maltraité par ses confrères de la maison de repos, il cherche refuge pour ses repas chez les Visitandines, qui finissent par lui demander de retourner à la maison de repos où, le cœur meurtri, il succombe à une crise cardiaque, et cela parce qu’il persévérait à célébrer la Sainte Messe de son ordination. Son enterrement fut tout à fait contraire à ce qu’il avait demandé. Ainsi les traditionalistes sont poursuivis jusqu’après leur mort, pour crime de fidélité.
Sur les tombes de ces saints prêtres, sur celles de tant de fidèles décédés prématurément à cause de cette douloureuse persécution, nous devons faire notre serment de fidélité, serment qui n’est autre que la profession de foi et le serment anti-moderniste de Saint Pie X, dernier Pape canonisé.
Appuyés sur vingt siècles de foi et de Tradition, nous pouvons et devons persévérer sans crainte, avec la persuasion que la Vérité ne peut que triompher, car elle est divine. Notre Seigneur l’affirme : « Je suis la Vérité ».
Au lieu de nous plaindre et de nous décourager, rendons grâces à Dieu qui partout bénit les efforts de ceux qui persévèrent dans la foi et la Tradition.
Il nous est impossible de noter dans le détail ces bénédictions innombrables dont nous sommes les témoins, ou qui nous sont confiées par ceux qui les ont reçues.
Les nombreuses vocations qui rejoignent la Fraternité ou les nombreuses communautés fidèles à la Tradition ont chacune leur histoire émouvante. Ce sont des fleurs qui se sont épanouies au milieu des ronces et des épines.
Les prédicateurs des exercices spirituels de la Fraternité pourraient faire des livres pour raconter les conversions dont ils sont témoins. Les prêtres qui suivent les camps de vacances nous racontent avec une profonde émotion les retours extraordinaires à la foi et à la pratique religieuse retrouvées par le contact avec la Tradition et surtout le Saint Sacrifice de la Messe.
Les fondations d’œuvres comme les écoles, les facultés universitaires, les séminaires ont toutes une histoire qui manifeste les interventions du ciel. Et toutes les œuvres fidèles à la Tradition pourraient témoigner dans le même sens. Un petit exemple le montrera : l’Evêque de Kansas City aux USA mit en vente une grande et spacieuse église, garnie d’un bel autel, de l’orgue, des bancs où pouvait prendre place un millier de personnes. Le Père chargé du district sud s’efforça de l’acquérir par intermédiaire, mais à l’Evêché on eut vent de la qualité de l’acquéreur, de ses liens avec Mgr Lefebvre. Ce fut un « non » catégorique. Un évêque noir anglican se présenta alors. Non seulement on fut heureux d’accueillir cet acheteur, mais par œcuménisme on diminua le prix de moitié. Or, pour des raisons inconnues, cet évêque s’empressa de revendre cette église à notre supérieur de district, qui bénéficia ainsi de la réduction. Ainsi la Fraternité peut désormais réunir de nombreux fidèles et faire de belles cérémonies dans une splendide église au cœur de la ville de Kansas City.
Gardons confiance et courage, comme le dit Saint Paul : « Puisque Dieu est avec nous, qui peut être contre nous ? ». En ce mois d’octobre, prions la Vierge Marie de délivrer la Sainte Eglise de ses ennemis de l’intérieur, comme Elle l’a fait du temps de Saint Pie V pour les ennemis de l’extérieur.
Aidez-nous de vos prières et de votre générosité à poursuivre l’œuvre de régénération de l’Eglise par de vrais et saints prêtres.
Que Dieu vous bénisse.
+ Marcel Lefebvre
Rickenbach, le 1er octobre 1980.